Chronique d’une chute annoncée

 

form action

 

Le dernier sondage du CEVIPOF est sans appel : jamais la défiance des Français à l’égard du monde politique, et particulièrement de l’État n’a été aussi forte. Il y a dans notre pays une véritable perte de confiance à l’égard des institutions, et même du système démocratique actuel.

Mais comment en est-on arrivé là, moins de 2 ans après l’espoir qu’avait suscité l’élection de notre actuel président ?

L’objet du « Vendredi c’est permis » n’est certainement pas de faire de la politique. Nous nous voulons farouchement apolitiques car notre sujet concerne uniquement la vie à l’intérieur des entreprises. Ce qui nous intéresse ici, c’est d’essayer de décrypter l’enchaînement des événements qui a conduit à l’état de fait actuel. Ce décryptage nous semble d’autant plus pertinent qu’il y a un parallèle à faire avec ce qui se produit dans certaines entreprises.

Alors, repartons quelques mois en arrière pour essayer de comprendre l’enchaînement des évènements.

 

form action

 

Au départ, nous avons un Président qui est parti d’un constat simple que nous pouvons également faire. Le monde actuel et son organisation, notamment économique, sont loin d’être parfaits ; mais il va être très difficile voire impossible de les changer. La solution porte donc plus sur notre capacité à nous adapter à ce monde que sur notre capacité à le changer.

L’adaptation au monde qui nous entoure implique de facto l’idée du changement. S’adapter, c’est changer ses habitudes pour mieux coller à la réalité qui nous entoure.

Mais changer implique également de faire des efforts. Il faut sortir de notre zone de confort, nous remettre en cause, pour adopter d’autres manières de faire, de penser et d’agir.

Même si, au départ, tout le monde est conscient de la nécessité du changement, au moment où nous devons passer à l’acte et faire des efforts, nous sommes tous réticents.

Alors, posons-nous la question de ce qui serait de nature à nous donner envie et nous motiver pour accepter les efforts inéluctables que nous allons devoir faire.

 

form-action.com

 

Dans le cas présent, nous allons nous intéresser aux leviers de l’envie et de la motivation. Pour accepter les efforts nécessaires, il faut percevoir qu’une compensation future viendra récompenser ces efforts.

Prenons un exemple concret : vous apprenez que vous êtes malade et que cette maladie est grave. Le médecin vous annonce le diagnostic, puis vous explique le long et pénible parcours de santé qu’il va falloir traverser pour espérer la guérison.

Deux solutions s’offrent à vous : la première est que vous croyez véritablement à vos chances de guérison. C’est-à-dire que vous percevez une compensation aux efforts que le médecin va vous demander. Dans ce cas, vous accepterez les traitements en vous accrochant à la perspective de la guérison. Dans l’autre cas, si vous ne percevez pas foncièrement vos chances de guérison, tous les efforts qui vont vous être demandés vous sembleront non seulement vains mais surtout insurmontables.

N’est-ce pas ce qui est en train de se passer dans notre pays ? Le gouvernement actuel tente de faire valider des réformes pour adapter le pays à l’environnement économique et social actuel. Mais toutes ces réformes sont des changements et nécessitent de la part de chacun des efforts.

Maintenant nous pouvons, chacun à notre endroit, nous interroger sur la compensation que nous espérons. Quelle compensation espérez-vous qui justifie les efforts qui sont demandés ?

Bien sûr, nous pourrions répondre une meilleure santé économique du pays, moins de chômage, une sécurisation de notre assurance maladie et retraite. Mais, pour chacun de nous individuellement, quel est le bénéfice concret ?

Et là, il nous semble que les choses sont beaucoup moins lisibles et évidentes… Il apparaît donc presque logique et normal de voir aujourd’hui, dans notre pays, de telles réactions face à l’enchaînement des réformes proposées, demandées, et votées.

Quels enseignements pouvons-nous en tirer pour l’entreprise ?

Le parallèle nous semble assez évident et facile : toute entreprise, aujourd’hui, est confrontée à un contexte économique qui évolue et change. Comme il est difficile voire impossible pour une entreprise de changer le monde économique, s’impose à elle la nécessité d’évoluer et de changer pour s’adapter à ce monde.

Un grand nombre de dirigeants d’entreprise que nous rencontrons font avec nous ce constat : il faut que leur entreprise change, évolue, pour s’adapter au monde économique qui les entoure.

Faisons un pas de plus. Si vous aussi êtes convaincus que l’entreprise doit évoluer et changer pour s’adapter au monde actuel, vous pouvez de facto conclure que vous allez devoir demander aux salariés de faire des efforts pour accepter et mettre en œuvre ces changements.

Alors, posons-nous la question de la perspective de compensation que nous offrons aux salariés : sont-ils capables d’imaginer pour eux-mêmes en quoi ces efforts demandés vont leur apporter pour l’avenir une perspective positive et intéressante ?

Vous l’aurez sans doute compris, nous en arrivons doucement à vous parler d’un sujet qui nous semble primordial : celui du projet d’entreprise.

En effet, le projet d’entreprise est destiné à donner à tous les salariés une chose fondamentale : une perspective pour l’avenir et un bénéfice qu’ils pourront personnellement tirer de leurs efforts.

Si vous souhaitez mettre en place un projet d’entreprise ou si vous en avez déjà mis en place, il est indispensable de vous demander si tous vos salariés ont bien perçu quelle était la perspective et le bénéfice pour eux de ce projet et des changements qu’il incluait.

Il est toujours intéressant, dans les entreprises qui ont mis en place un projet, de poser, au hasard des rencontres avec des salariés, la question suivante : pouvez-vous me dire en une phrase quel est le projet de votre entreprise et quel bénéfice personnel vous attendez de la réalisation de ce projet ?

Si les salariés interrogés ne sont pas capables de répondre facilement à cette question, il y a fort à parier que lorsqu’on leur demandera des efforts, ils seront aussi peu enclins à les faire que chaque citoyen français semble l’être aujourd’hui face aux réformes du gouvernement.

Et vous qu’en pensez-vous ?

Bonnes réflexions.

Cordialement,
Romain Rouillier